And the winner is… Le Prof. Steffen Eychmüller remporte le SSMIG Teaching Award de cette année, doté de 5000 francs. Lors de la soirée de gala organisée à l’occasion du congrès d’automne de la SSMIG, le prix lui a été remis dans une ambiance festive par les deux co-présidents de la SSMIG, le Prof. Drahomir Aujesky, et la co-présidente de la SSMIG, la Dre Regula Capaul. Quelles sont les qualités d’un enseignant compétent? Et comment les médecins expérimentés peuvent-ils transmettre leurs connaissances à la relève? Le lauréat du SSMIG Teaching Award 2024 en connaît un bout sur ces questions.
Quelles sont à votre avis les qualités d’enseignant compétent?
De mon point de vue, trois facteurs doivent être réunis: l’enthousiasme (la passion), la curiosité et l’amour de l’être humain. L’enthousiasme porte aussi bien sur le contenu spécialisé avec toutes ses composantes de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes que sur l’idée d’encourager les autres en leur transmettant cet enthousiasme. Chacun·e recèle un énorme potentiel. La mission des spécialistes expérimentés consiste à promouvoir ce potentiel.
Tout le monde parle de l’intelligence artificielle. Selon vous, s’agit-il là d’un phénomène de mode ou l’IA sera-t-elle désormais incontournable dans l’enseignement? Et si oui, sous quelle forme?
Tout le monde en parle, tout le monde y pense, mais surtout dans l’espace numérique. La qualité de l’intelligence artificielle repose sur ce que notre intelligence produit pour sa validation dans l’espace numérique. Nous sommes donc les seuls responsables de ce qui est ensuite traité à une rapidité fulgurante par des ordinateurs. Et c’est là que je vois le plus grand défi: filtrer très bien ce que nous produisons et validons, non pas en termes de quantité, mais en termes de qualité spécifique, en ayant de grandes exigences scientifiques et en vérifiant au préalable si ses propres pensées et idées ne sont pas déjà disponibles d’innombrables fois et avec un niveau qualitatif peut-être plus élevé. En outre, quand nous exprimons notre opinion personnelle, nous devrions le préciser de façon claire.
Quel est votre secret pour susciter l’enthousiasme des jeunes pour la profession de médecin?
Je ne parlerais pas de secret, mais plutôt d’un plaisir absolu. Qui d’autre que nous, les clinicien·ne·s expérimenté·e·s, doit rendre capable la jeune génération? L’expression anglaise «Why don’t you?» me paraît bien exprimer l’idée directrice, tout comme cet état d’esprit: «see one, do one, teach one». Nous sommes une communauté d’apprentissage. Moi aussi, je m’acquitte plus ou moins bien de mes tâches et je ne suis pas toujours satisfait de ma performance. Identifier ses propres insuffisances, réfléchir avec amour avec soi-même et modifier ensuite la démarche, de la communication aux interventions manuelles, est le processus d’une vie entière. Tel devrait être notre credo commun.
Selon vous, comment les médecins expérimentés peuvent-ils transmettre leur savoir?
Ma réponse va ressembler à celle qui précède: il ne s’agit pas seulement de transmettre, mais aussi de se développer par les échanges. C’est un privilège de laisser la jeune génération remettre en question ses propres actions et son attitude. La clé du développement est en fait de s’exposer soi-même et d’attribuer en permanence aux étudiant·e·s, aux médecins-assistant·e·s et surtout aux patient·e·s le rôle de «critical friends». Il s’agit aussi en particulier de développer sa propre personnalité. Si cela débouche sur une combinaison entre des exigences élevées en termes de qualité et de compétence et une bonne dose d’auto-relativisation aimante, c’est déjà probablement un résultat très satisfaisant.
Portrait
Le Prof. Steffen Eychmüller est médecin-chef au Centre universitaire de soins palliatifs de l’Inselspital et titulaire de la chaire de médecine palliative à l’Université de Berne. Il s’engage depuis de nombreuses années en tant qu’enseignant dans le domaine de l’éducation médicale, notamment sur des thèmes tels que la douleur, la cachexie, le délire, la détresse respiratoire et la sédation. En outre, il a joué un rôle déterminant dans la mise en place et le développement sur plusieurs sites du cursus de médecine palliative dans les études de médecine en Suisse, du «cours de base en médecine palliative» dans le cadre de la formation postgraduée et du CAS en soins palliatifs interprofessionnels à l’Université de Berne.